Rencontre avec Léa Zuger

Château Malescot Saint-Exupéry

À la rencontre de la 5ème génération : une transmission familiale au cœur de l’appellation Margaux

Rencontre avec Léa Zuger à la tête du Château Malescot Saint-Exupéry. 

Dans l’univers du vin, les transmissions familiales sont un chemin parsemé de défis et d’histoires riches. C’est le cas au Château Malescot Saint-Exupéry, où la dernière génération, incarnée par Léa, la fille de Jean-Luc Zuger, perpétue une tradition viticole tout en y apportant une nouvelle dynamique. Rencontre avec une femme passionnée, qui concilie héritage et modernité dans la gestion de ce troisième cru classé prestigieux à Margaux.

Un parcours enraciné dans la tradition familiale

« Mon père, Jean-Luc Zuger, a pris la gestion de Malescot Saint-Exupéry en 1994, l’année où je suis née », commence-t-elle avec simplicité. Dès son plus jeune âge, elle a donc grandi au milieu des vignes, un cadre qui allait forger sa passion pour la viticulture et où dès ses 13 ans, elle passait du temps dans les chais. Toutefois, son parcours ne s’est pas limité aux frontières familiales. À 18 ans, elle part au Canada, pays d’origine de sa mère, pour y poursuivre des études en communication et relations publiques. Ce n’est qu’après plusieurs expériences professionnelles, notamment en tant qu’attachée de presse, qu’elle revient au domaine en 2020 à la demande de son père qui lui annonce qu’il souhaiterait préparer la transmission. 

Malgré cette filiation, elle reconnaît qu’elle a eu une certaine appréhension : « J’avais beau être sa fille, je n’étais pas forcément la personne la plus légitime pour reprendre la gestion d’une entreprise viticole. » Alors, avant de prendre pleinement la direction, elle s’est formée durant quatre années dans le courtage et le négoce, tout en vinifiant ailleurs. « Ces expériences m’ont permis de comprendre un système complexe et essentiel pour gérer une propriété », explique-t-elle.

Les défis d’une transmission familiale

Prendre les rênes d’une propriété qui a traversé les générations n’est pas sans difficulté. Château Malescot Saint-Exupéry compte 28 hectares à Margaux et son histoire le distingue de ses voisins prestigieux. « Nous avons des voisins avec beaucoup de moyens, et notre enjeu est de continuer à produire un grand vin de qualité sans pour autant être pris de vitesse. » Les investissements à la vigne avec des pratiques qui demandent des ressources humaines ou dans les chais avec des techniques modernes peuvent améliorer la qualité des vins, mais ils ne sont pas toujours accessibles pour une propriété comme Malescot. « Nous devons faire des choix et parfois attendre pour investir. »

Un héritage à respecter, une équipe à valoriser

Être la cinquième génération à la tête de MSE, c’est aussi s’appuyer sur une mémoire familiale précieuse. « Mon père peut témoigner des moments difficiles par lesquels ma famille est passée. Cela nous aide à garder les pieds sur terre et nous rappelle que nous faisons que du vin, nous ne sauvons pas des vies ! »

Une vision d’avenir raisonnée et équilibrée

« Le fruit, l’équilibre et la fraîcheur sont nos guides », nous confie Léa. Ce fil conducteur, déjà présent sous la direction de son père, continue d’orienter chaque millésime. Et bien que chaque grand cru classé à Margaux ait son identité propre, elle laisse le soin aux amateurs de découvrir par eux-mêmes les spécificités de Malescot Saint-Exupéry. « Un vin se vend à la dégustation, je n’essaie pas d’influencer les gens. »

Dans cette quête d’équilibre, l’équipe joue un rôle primordial. Avec 18 personnes œuvrant au quotidien, elle insiste sur l’importance de valoriser chaque membre. « Il est injuste de personnaliser l’entreprise autour de moi. Nous sommes une équipe : à la vigne, au chai, à la distribution. »

Une commercialisation traditionnelle et rigoureuse

Dans sa gestion de la commercialisation, elle reste fidèle aux pratiques traditionnelles bordelaises. « Nous avons un fonctionnement traditionnel bordelais où nous vendons la grande partie de la production en primeur avec un prix en deçà des prix des livrables et avec un objectif minimum de 70 % de premier vin à chaque année. » Cette approche, ancrée dans la tradition, permet de préserver une partie de l’héritage tout en assurant une stabilité financière à la société familiale.

Léa incarne à la fois le respect de l’héritage familial et l’envie de faire évoluer le domaine vers une nouvelle ère. Tout en gardant les valeurs qui ont façonné le domaine, elle ouvre la voie à une gestion raisonnée, respectueuse de l’environnement et ancrée dans la modernité. Un équilibre subtil entre tradition et innovation.

Si Château Malescot Saint-Exupéry était …

Une fleur : le lilas

Un arbre : l’arbre de Judée

Un animal : la panthère noire

Une musique : Sympathy for the Devil, The Rolling Stones

Un film : Ne nous fâchons pas, Georges Lautner

Un lieu : la Forêt de Brocéliande

Les vins liés à l'article :

Photos et propos recueillis par Marie-Pierre Dardouillet, Cépages communication pour Vignobles et Châteaux

 

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