Rencontre avec Armand Heitz

Armand Heitz - Chassagne-Montrachet

La Bourgogne fait rêver tous les amateurs de grands vins. Sa complexité et sa multitude de terroirs demandent patience et l’apprentissage d’une vie très certainement. Il faut avoir les deux pieds dans la parcelle pour saisir toutes ces subtilités. Alors depuis 2011, nous visitons la Bourgogne et nous avons pris pour habitude d’organiser une dégustation avec des vins en primeurs de Bordeaux avec les vignerons bourguignons. Moment d’échange, de partage et aussi de rencontres. Au fil des années, ce sont des liens forts que nous avons tissés avec ces vignerons sur la base de notre passion commune pour le vin.

Nous avons rencontré Armand en 2011 à l’une de ces dégustations. Il était tout jeune à l’époque (nous aussi d’ailleurs !) et il était aux balbutiements de la reprise du domaine familial Heitz-Lochardet à Chassagne-Montrachet. Aujourd’hui, il a bien repris le flambeau et mène sa barque avec des parcelles qui réveillent les papilles juste à les prononcer : Chevalier-Montrachet, Pommard, Volnay, Meursault et aussi Juliénas. Engagé, investi et bosseur. Il est producteur de vins, éleveur de vaches et de moutons en Bourgogne avec pour fil conducteur : le terroir sans filtre. Rencontre.

Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?

Adolescent, je voulais être moniteur de voile. Toutefois, j’ai choisi l’œnologie car reprendre le projet familial me tenait à cœur. J’ai été au Lycée viticole de Beaune, puis j’ai passé mon diplôme d’œnologue en Suisse à Changins.

Peux-tu nous présenter le domaine Armand Heitz et son histoire ?

Le domaine a été créé en 1850. A l’époque, il s’agissait d’une activité de négoce. Mes ancêtres ont vendu une partie des différentes propriétés jusqu’en 1950, date à laquelle mon grand-père est revenu de la guerre. Architecte, il s’est installé entre Dijon et Chassagne-Montrachet et il a décidé de mettre les vignes en fermage et métayage. La génération suivante a également gardé les vignes en espérant qu’un jour un repreneur dans la famille arriverait. Mon premier millésime au domaine a été en 2013 et aujourd’hui le domaine n’est pas encore au complet. Toutefois, l’essentiel est sous notre exploitation.

Dans les vignes, tu travailles en biodynamie non certifiée. Toutefois, tu préfères parler d’agro-écologie et agriculture régénératrice. Peux-tu nous en dire plus?

 

Tout a commencé à Changins lorsque j’ai visité un domaine qui travaille en biodynamie. Nous parlions de prêle, de bouse de vache, de dynamiseur en cuivre et j’ai vraiment ressenti quelque chose de fort dans les vignes. En reprenant le domaine, ma chance a été d’avoir des vignes qui avaient été travaillées selon les principes de la biodynamie. Mais je ne me sentais pas vraiment à l’aise avec cela surtout dans l’explication commerciale.

C’est au cours de l’hiver 2018, qu’avec ma femme nous avons découvert les principes de la permaculture. Cela différait de ce que j’avais pu apprendre en viticulture et cela a été un déclic. Je préfère m’orienter vers ces pratiques plutôt que de m’enfermer dans un cadre administratif et réglementaire qu’implique une certification. Nos sols n’ont pas besoin de réglementation, ils ont besoin de bon sens agronomique!

La viticulture est une agriculture difficile à conduire en permaculture car c’est une agriculture pérenne. Dès le printemps 2019, nous avons répandu du mulch d’écorces de bois (chêne et frêne) sur les sols pour pailler. Cela nous a permis par exemple, en 2019 d’avoir des sols toujours humides même après deux semaines de sécheresse. Nous sélectionnons des enherbements pour les semer dans les vignes afin de ramener de la biodiversité dans la monoculture qu’est la vigne. L’objectif est d’amener de la diversité et de faire de la co-plantation.

"En reprenant le domaine, ma chance a été d’avoir des vignes qui avaient été travaillées selon les principes de la biodynamie. Mais je ne me sentais pas vraiment à l’aise avec cela surtout dans l’explication commerciale."

Armand Heitz

Quels sont les principaux challenges quand on est un jeune vigneron qui s’installe ?

Le calvaire administratif et les mauvais conseils te font très vite déchanter de l’idée de départ qui était de juste vouloir faire des grands vins. J’ai eu la chance d’être soutenu par mes parents. Heureusement ! Sinon, je pense que cela m’aurait dégoûté.

Tu as la chance d’avoir hérité d’une pléiade de terroirs qui font rêver. Comment abordes-tu cette diversité ?

Cela a été l’une de mes premières questions en arrivant au domaine. J’essaie de travailler de façon la plus durable, la plus simple et la plus cohérente. L’idée est d’intervenir le moins possible pour laisser le fruit et le terroir s’exprimer. Le vigneron est juste un accompagnateur.

De quoi es-tu le plus fier ?

(Silence, moment d’hésitation) On sera fier de ce que l’on fera demain.

Comment te ressources-tu ?

Je fais du sport, je fais du vélo, je cours avec mon chien dans les vignes. J’aime passer du temps en famille et avec Astrid pour parler d’autres choses.

Portrait

Livre : La Permaculture de la Ferme de Bec Helloin

Film : Peaky Blinders ou un film de Tarantino ou Scorsese

Musique : Les Quatre saisons de Vivaldi

Plat : Boeuf bourguignon

Millésime : 2018, le plus facile à faire en cave et qui m’a réservé de belles surprises

Cépage : Un hybride, peu importe lequel

Bouteille mémorable : Musigny Grand Cru, Comte de Vogüé 1957 qui était encore planté en franc de pied. C’était magique!

Couleur : Bleu

Odeur : La coriandre

Sport : Judo

Destination : Bretagne à Portsall

Dimanche parfait : En famille, un peu de sport avant de passer autour d’une bonne table et avec de belles bouteilles.

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